Préciser ses pratiques de pâturage >> En explicitant les différentes composantes d'une pratique et en percevant leurs conséquences sur le prélèvement des végétations effectué par les animaux
Souvent, les pratiques de pâturage sont décrites de manière trop approximative pour bien comprendre les résultats obtenus. Ce manque de précisions empêche alors de programmer ou de piloter correctement les pratiques au cours du temps selon les objectifs poursuivis. Ceci explique aussi pourquoi il est difficile de copier la pratique du voisin ! Enfin certain.e.s ont parfois l’impression de « faire pareil toute l’année », au risque d'oublier de considérer que les animaux et les végétations évoluent au cours du temps. Ils répondent donc différemment à une pratique a priori similaire selon les saisons.
Cette fiche a l’ambition d’aider les éleveurs à identifier l’ensemble des choix qu’ils font ou sont amenés à faire pour concevoir une pratique et de mieux en maîtriser les conséquences.
Pour cela, cette fiche propose une façon de décrire avec précision chacune de ses pratiques de pâturage par l'explicitation d'une série de composantes mises en oeuvre (choisies et/ou subies) et d'appréhender via l'observation du prélèvement alimentaire les effets que celles-ci ont sur les fonctionnements biologiques des animaux et des végétations.
L'ingestion au pâturage >> Composante essentielle pour la réussite d’une ration, l'ingestion au pâturage nous rappelle que les ruminants ne recherchent pas qu’à prélever le meilleur.
> Réussir sa ration, pour un ruminant, cela signifie ingérer des fourrages dont la digestion va lui fournir les nutriments attendus. Cette réussite repose donc sur deux composantes : l’ingestion (ce que l’animal choisit de manger) et la digestion (ce qu’il transforme en nutriments). Ces deux composantes sont étroitement liées par des rétrocontrôles, et largement influencées par les pratiques des éleveurs.
> L’efficacité de la digestion a longtemps été considérée comme le facteur limitant de la performance zootechnique. Pourtant, au pâturage sur milieux diversifiés, c’est l’animal qui décide de la nature et de la quantité de ses aliments. La fonction d’ingestion devient alors encore plus déterminante qu’à l’auge.
> Les ruminants réalisent leurs choix alimentaires face à des plantes très différentes en qualité et en format. Ces choix ont des conséquences sur le prélèvement alimentaire, pouvant au final conduire à la constitution d’une ration suffisante ou insuffisante pour couvrir leurs besoins énergétiques.
Cette fiche apporte des éléments de connaissance pour aider à comprendre les fonctionnements biologiques de l’ingestion. Elle présente les choix auxquels sont confrontés les ruminants au pâturage sur milieux diversifiés pour constituer progressivement leur ration quotidienne. Et, elle explique l’influence des pratiques d’élevage dans la construction et la mise en œuvre du comportement alimentaire de l’animal.
Les refus au pâturage
Au pâturage, certaines plantes qu’on pensait pouvoir faire manger sont en fait refusées par le troupeau, à un moment donné, dans une parcelle donnée. Souvent, ce refus sera un aliment pour plus tard ou pour d’autres animaux. Quand ce refus est prévu pour être pâturé plus tard, on parle de report volontaire, pas de refus subi. Quand ce refus n’est pas prévu, on constate que la végétation devient hétérogène. Il arrive qu’on décide d’intervenir dessus mécaniquement car certains refus s’étendent et font craindre des dérives de flore. Mais il peut être intéressant de faire évoluer ses techniques pour réussir à faire consommer ces plantes au troupeau.
Qu’est-ce qu’un refus ? Qu’est-ce qu’il indique ? Comment faire avec les refus, en fonction de ses objectifs, et en limitant les coûts et le temps de travail ? Cette fiche vise une remise en question, en nuance, de la notion de refus au pâturage, en partant de divers constats et retours d’expériences des éleveurs du réseau Pâtur’Ajuste.
Concevoir la conduite technique >> à l'échelle parcellaire, en lien avec ses objectifs d'élevage.
L'alimentation des troupeaux au pâturage doit être raisonnée en fonction des cycles annuels et de 'l’évolution des végétations semi-naturelles. Aucune "recette" simple n'existe pour maîtriser ces dynamiques végétales et en même temps nourrir le troupeau. Trop souvent les éleveurs subissent les végétations plus qu'ils ne les pilotent et ont recours à la mécanisation pour rattraper ce que les animaux n'ont pas pu faire. Pourtant, certains éleveurs conçoivent le pâturage comme un moyen d'action sur le milieu, pour construire des ressources fourragères pour aujourd’hui et pour demain.
Cette fiche cherche à identifier la façon de concevoir la conduite technique des parcelles au cours de l'année. Pour cela, un petit catalogue de principes techniques permettant d'atteindre ses objectifs en jouant sur les processus biologiques est présenté dans les pages centrales.
Voici quelques-uns de ces principes :
- pour améliorer le report sur pied et la diversité floristique,
- pour limiter les refus,
- pour renouveler le feuillage accessible au troupeau,
- pour maintenir la productivité végétale,
- etc.
Préférences alimentaires au pâturage >> La conduite de l’éleveur joue un rôle primordial dans le pilotage de l’expression des préférences alimentaires.
La race des animaux d’élevage est souvent mise en avant pour distinguer des aptitudes de production, des comportements ou des adaptations au terroir. Pourtant les contradictions entre éleveurs sur les traits supposés de telle ou telle race témoignent des difficultés que nous avons tous pour distinguer réellement ce qui relève de l’inné (le bagage génétique) ou de l’acquis (les apprentissages en fonction des conditions de vie et des pratiques d’élevage).
Cette fiche ne cherche pas à trancher de façon catégorique en faveur de l’inné ou de l’acquis. Les éthologues ont depuis longtemps montré que les deux sont en interaction. Elle constitue une aide pour ne pas tomber dans l’écueil du déterminisme génétique. Elle alimente la réflexion en considérant que le choix de la race ouvre certes des possibilités mais que ce sont les pratiques de l’éleveur qui accompagnent l’animal vers l’expression de comportements adaptés aux objectifs de production qu’il s’est fixés.
ÉLEVER DES MOUTONS POUR LA VIANDE SANS GRAINS ET AVEC PEU DE FOIN, C’EST POSSIBLE ! Ferme des Fontanelles
Département d'Ariège - Ovins allaitants
>> POUR Y ARRIVER, TOUT SE JOUE DANS LA FINESSE TECHNIQUE.
Le projet de ferme visée par Maria tient en quelques mots clés : animaux en plein air, tout le temps à l’extérieur, pas d’engraissement aux grains, pas de concurrence à la nourriture humaine, pas de chimie,
un maximum de pâturage des végétations naturelles, lait de la mère pour les agneaux, reproduire le schéma naturel du mouton. Pour l’atteindre, l’éleveuse met en avant deux sujets techniques parmi ceux qui lui semblent indispensables à maîtriser.
FAIRE REVENIR DE L’HERBE SUR UNE ANCIENNE CULTURE DE MELON Ferme de Darius Filipiak
Département du Lot - Ovins allaitants
>> SANS SEMER… MAIS EN PÂTURANT !
Objet de ce retour d’expérience
PRÉSENTER UNE EXPÉRIMENTATION METTANT EN AVANT LE PÂTURAGE POUR FAIRE RÉGRESSER DES PLANTES NON FOURRAGÈRES SUR UNE ANCIENNE PARCELLE CULTIVÉE ET ACCOMPAGNER LE RETOUR D’UN COUVERT HERBACÉ FOURRAGER >> en comprenant les processus écologiques en jeu et en approfondissant les observations saisonnières de la végétation.
Accroître la valeur alimentaire d'une lande embroussaillée pour des brebis en lutte GAEC le Cayre
Département du Lot - Ovins viande
>> LE REFEND COMME OUTIL DE LA CONDUITE DU PÂTURAGE
Pierre et Martine Pégourié, aujourd’hui proches de la retraite, conduisent depuis de nombreuses années un élevage d’ovins viande avec un système très pâturant qui valorise fortement les surfaces de parcours.
Broyer puis pâturer pour lutter contre les incendies... Transhumance en Quercy - Gaec de Lapeyre basse
Département du Lot - Ovins viande
>> ET PRODUIRE
Sur les sites AFPL de Cuzals et Bouziès Saint-Cirq Lapopie du département de Lot, le risque incendie est dans toutes les têtes. Dans les années 50, éleveurs et forestiers se sont trouvés en conflit lors de la plantation de résineux. La gestion forestière étant considérée incompatible avec le pastoralisme. Dans les années 80, conséquence du boisement, il y a eu l'apparition d'incendies marquants (1984, 1989, 1994, 1998...) qui ont ravivé les conflits passés. Aujourd’hui, la création des AFP et la volonté du Département à poursuivre le redéploiement du pâturage sur ces milieux embroussaillés a incité les éleveurs à se repositionner pour répondre à la demande sociétale de lutte préventive contre les incendies. Pour se rassurer, il fallait ouvrir le milieu rapidement. Ainsi, des interventions mécaniques de grande ampleur ont été réalisées. Le pâturage est venu après... Les deux retours d’expériences exposent les réussites et les ajustements d’éleveurs qui ont conduit leurs troupeaux sur des sites AFPL pour maintenir l’ouverture du milieu suite à des interventions mécaniques de plus ou moins grande ampleur.